Mondher Kebaïer n’a pas l’air de changer de discours et de méthode dans cette sélection qui regorge de talents et d’individualités. Il reste prudent, conservateur dans ce qu’il dit avant chaque match et même quand on voit la sortie de notre équipe (la dernière par exemple contre le Nigeria), on n’a pas la conviction que l’équipe nationale est en train de progresser.
A part le test amical contre le Cameroun, il y a un an, pas grand-chose à dire sur la qualité. On ne parle pas résultat, Kebaïer est en train d’accomplir ce qu’on attend de lui, mais cela reste insuffisant si on tient compte de deux éléments : la qualité moyenne des adversaires et aussi le potentiel dont Kebaïer dispose. Pour certains observateurs, Kebaïer a la chance historique d’avoir un effectif pléthorique qu’aucun sélectionneur n’a eu avant lui. C’est pour cela qu’on attend nettement mieux d’une équipe nationale où les individualités en termes de valeur n’ont pas un «équivalent» sur le plan collectif. C’est-à-dire que cette équipe nationale n’offre pas la qualité du jeu et les sensations qui doivent concorder avec le statut de favori à la CAN. Dans ses sorties médiatiques, Kebaïer (entraîneur académicien et qui n’a pas la culture des titres comme Benzarti par exemple) joue encore la carte prudence. Un discours classique, ennuyeux même et pas de vision, de mots et de messages qui montrent que cette équipe est passée à un palier de plus. Kebaïer doit s’y mettre et rallier le projet que tous les Tunisiens attendent, celui d’une sélection qui joue pour remporter la CAN et pour passer au second tour du Mondial. Assez de ces objectifs mesurés et peu ambitieux. Cette approche vexe plus qu’elle ne rassure.
En y allant petit à petit, en faisant de l’excès de prudence et du conservatisme ses valeurs, Mondher Kebaïer se trompe et perd du temps. Il a des joueurs de qualité, il a des «expressions du jeu» qui peuvent l’aider à rivaliser avec l’Algérie, le Nigeria ou le Sénégal. Personne ne le fera à sa place, c’est lui qui doit porter ce projet dans le cœur. Qu’il change, qu’il ose plus, qu’il regarde plus loin et plus grand. Il a le potentiel et les joueurs qui peuvent l’aider à le faire. Mais a-t-il le profil et surtout les convictions pour mener à bien ce projet?